Cette œuvre de Robert Pansart s’inscrit au cœur de la période la plus féconde de son atelier, entre les années 1930 et 1950, à un moment où le verre décoratif connaît en France un véritable renouveau. Verrier et décorateur, Pansart fait du verre gravé, oxydé, églomisé, sablé puis rehaussé de patines colorées, d’argenture et de feuilles d’or, un médium à part entière, à la fois décoratif et narratif.
La composition présentée ici illustre pleinement cette ambition. Sur un panneau monumental, Neptune apparaît triomphant sur son char marin mené par des chevaux marins, dans un tourbillon de vagues stylisées et de formes en mouvement. Les reliefs sablés, les jeux d’ombre obtenus par l’usage d’oxydes, les gravures successives, ainsi que les touches dorées et polychromes soulignent la vigueur du dessin et la majesté du sujet. Selon l’éclairage, les dorures scintillent, les silhouettes se découpent et la scène semble s’animer : le verre devient lumière.
Formé aux Arts et Métiers, Robert Pansart reprend l’atelier du maître-verrier Schwartz avant de s’imposer comme l’un des artisans privilégiés de l’architecture intérieure moderne. Très vite, son savoir-faire l’amène à collaborer avec les grands décorateurs — Jules Leleu, Serge Roche, Jean Pascaud, Lucie Dolt, Marc du Plantier — mais aussi avec les ferronniers que l’on associe aujourd’hui à l’âge d’or des arts décoratifs, tels Gilbert Poillerat, Raymond Subes ou René Drouet. Leur mobilier ou leurs aménagements se voient souvent enrichis de verres gravés ou dorés signés Pansart, jusqu’aux commandes monumentales : la paroi décorative de l’ancien théâtre de Poitiers, le cinéma Berlitz ou encore les décors du paquebot France.
Si les années 1940–1950 font sa renommée par des miroirs animés de figures et arabesques, Pansart ne s’y limite pas. Au fil de la décennie suivante, il explore des écritures plus libres proches de l’abstraction, poursuivant inlassablement son dialogue entre matière verrière, lumière et narration.
Aujourd’hui exposé à la Galerie Rive Droite, ce panneau à Neptune dialogue avec un bureau et un fauteuil de Jacques-Émile Ruhlmann, offrant un face-à-face rare entre deux maîtres de l’élégance française : la rigueur souveraine du mobilier et la narration lumineuse de Pansart.
📍 À découvrir au 120, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris.
