FRANCOIS-XAVIER LALANNE

François-Xavier Lalanne naît en 1927 dans un écrin agenais qui a façonné les principes fondamentaux de son art. Un grand-père importateur d’os de vaches et amateur d’art faisant lui-même des reproductions d'oeuvres de maître exposées dans les musées, un père passionné de voitures, président de l’automobile Club d’Agen et voilà que se dessinent déjà sous nos yeux ses futurs animaux carrossés élevés sur l’autel de l’art.

Placé à l’école des Jésuites d’Evreux où il apprend le grec ancien et le latin, François-Xavier acquière un enseignement érudit. En 1945, installé à Paris pour apprendre le dessin et la peinture, il s’inscrit à l’Académie Julian et suit les cours de sculpture de Marcel Gimond, ancien élève d’Aristide Maillol et proche de Rodin. S'il gagne le Prix de peinture de l’Académie en 1948 et se considère dans un premier temps comme peintre, il a déjà intégré le concept de sculpture monumentale. En 1949, il travaille au musée du Louvre comme gardien et contemple les oeuvres des départements Egyptien et Assyrien qu'il prend alors comme modèle. En s'installant la même année dans un atelier de l’impasse Ronsin, il s'inscrit dans la tradition artistique de l’art conceptuel, des surréalistes et du nouveau réalisme entre Redon et Noguchi, Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely, Max Ernst et Constantin Brancusi ou encore Marcel Duchamp. En 1953 lors de sa première exposition à la Galerie Cimaise, il rencontre la femme qui deviendra son alter-ego, Claude Dupeux, et qui le rejoindra dans son atelier du quartier de Montparnasse. Au contact de James Metcalf, le couple Lalanne apprend l’art de la galvanoplastie, un processus qui va nourrir leur curiosité de plasticiens.

Entourés de marchands d’art et de mécènes, le couple des Lalanne créé l’ébullition dans le Tout-Paris. En 1964, Jeanine Goldschmidt, épouse du critique Pierre Restany, leur offre une place à la Galerie J pour une première exposition intitulée Zoophites. Le Rhinocrétaire de François-Xavier est comme le manifeste de son art : un mastodonte de tôle de laiton en forme de rhinocéros qui s'avère en réalité être un bureau et cache, à la manière des meubles à secrets du XVIIIe siècle, une lampe, une cave à vin et un coffre-fort. Deux ans plus tard, il produit une autre oeuvre emblématique : le Mouton qui condense à lui seul l'ironie et l'innovation de l'artiste puisque tout en critiquant la bourgeoisie il leur offre un meuble confortable tout en restant une oeuvre d'art. Il enseigne ainsi aux plus grands collectionneurs qui en feront l’acquisition tels que les Rothschild, Agnelli ou encore Peter Marino « l’art de devenir berger en appartement ». Un troupeau est ensuite exposé dans la galerie d’Alexandre Iolas, donnant à la carrière du couple Lalanne une réelle impulsion. Pour François-Xavier la sculpture doit être familière et utile tout en arrachant l'art à son carcan formel et sérieux ; on s'allonge, on s'assoit, on mange, on écrit, on range...

En 1967, "les Lalannes" s'installent à Ury, un lieu qui devient alors l'épicentre de leur création pendant plus de cinquante ans et révèle leur réelle connivence. Leur maison-atelier est le lieu privilégié pour les dîners où se rencontrent artistes tels que Warhol, créateurs de haute-couture comme Karl Lagerfeld ou Lanvin, membres de la haute société comme les Rothschild ou les David-Weill, mais aussi ceux de la royauté Grecque ou des Bourbons. C’est lors de ces rencontres à Ury que naît leur complicité avec Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé qui ont placé nombre de leurs oeuvres dans leur appartement de la rue de Babylone comme le « bar YSL » en maillechort et laiton de François-Xavier réalisé en 1965 et vendu en 2009 chez Christie’s. Pierre Bergé déclarait que, concernant le couple Lalanne, il était préférable de remplacer la notion d’ "artiste" par celle de "poète". Il révélait par ce concept la particularité d'un artiste-artisan qui développe avec légèreté et fantaisie tout un bestiaire peuplant avec humour nos univers inhabités.