Marlotte (Seine-et-Marne) 1878 - Paris 1973
Paul Jouve, considéré comme l’un des peintres animaliers les plus célèbres de la première moitié du XXe siècle, est l’une des figures emblématiques de la période Art Déco.
Né en 1878 à Malotte, près de Fontainebleau, il est très tôt initié aux rudiments du dessin et de la peinture par son père, Auguste Jouve, lui-même paysagiste et portraitiste. L’exposition régulière des œuvres de Paul Jouve au Salon des Artistes Français dès 1894, bientôt suivie par une participation remarquée à l'Exposition Universelle de 1900, puis au Salon National des Beaux-Arts en 1905 et enfin à celui des Artistes Orientalistes en 1906, concourent à la reconnaissance de l'artiste par ses pairs et par la critique. Dès les années 1910 il est considéré comme chef de file de la nouvelle peinture animalière.
Les différents prix et bourses obtenus par Jouve au cours de sa carrière, mêlés à une forte et naturelle appétence pour le voyage, sont à l'origine des nombreuses expéditions réalisées par le peintre aux quatre coins de la planète tel que l’Algérie, l’Egypte, la Turquie, ou encore les Etats-Unis ; il est aussi le premier pensionnaire désigné de la Villa Abd-el-Tif. Ces séjours, véritables « laboratoires », permettent au peintre de se confronter à des horizons nouveaux, exotiques, aux animaux sauvages les peuplant et qu'il se plaît à reproduire sur le papier, la toile, ou dans le bronze.
Le périple en Extrême-Orient opéré par le peintre en 1922-1923 est, à ce titre, particulièrement représentatif de sa personnalité : lauréat de la bourse de voyage du gouvernement général de l'Indochine, il sillonne le Cambodge, le Vietnam, la Chine et Ceylan dont les paysages et la faune lui inspirent de nombreux dessins, gravures et peintures, à l'instar des Deux Têtes d'éléphant de profil, Kandy (1923).
Le style si singulier et propre à Jouve transparaît : une esthétique épurée et élégante dicte ses compositions au chromatisme subtil tandis que son trait incisif ne manque pas de rappeler le graphisme si caractéristique de l'Art Déco. Aussi, ses créations proposent une appréhension nouvelle de la représentation animale ; Jouve rend avec acuité la psychologie de ses sujets, apportant une grande attention à leur attitude, leur expression, allant presque jusqu'à les humaniser.
À partir des années 1920, les œuvres de la maturité – dont font partie la majorité de celles présentées ici – se distinguent par une simplification du trait et un assagissement général de la palette, couplés à une pacification des attitudes des animaux, dont l'agressivité et la violence étaient parfois mise en exergue par Jouve jusqu’alors.
Invité à collaborer à la décoration du prestigieux paquebot Normandie en 1935, Paul Jouve se voit commander deux toiles qui prennent place dans le salon de correspondances des voyageurs de première classe, Eléphants à Hué et Tigres royaux, bientôt repris et diffusés par la lithographie, dont nous proposons deux exemplaires.
Si Paul Jouve rencontre la notoriété de son vivant, notamment grâce aux vibrantes illustrations qu'il livre de nombreux ouvrages, au rang desquels le fameux Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1919), la reconnaissance de son talent ne s'est jamais démentie ; les œuvres du peintre peuplent aujourd'hui les cimaises des plus grands musées français et étrangers.