Troisième fils de Jean Dunand, Pierre Dunand abandonne rapidement un cursus scolaire classique et généraliste pour rejoindre dès ses dix-sept ans l’entreprise familiale. Attiré et fasciné dans un premier temps par la dinanderie, il se tournera et se consacrera finalement plus volontiers aux réalisations de laques, formé dans ces deux disciplines par les artisans travaillant au sein des ateliers de son père.
Montrant une grande habileté et autonomie dans la conception de pièces indépendantes, Pierre Dunand s’attèle pourtant à faire valoir l’oeuvre de son père, et ce jusqu’après la mort de ce dernier en 1942. Le nom de Pierre n’apparaît effectivement que de manière sporadique et occasionnelle et jusqu’à cette date, l’artiste ne signe pas ses oeuvres personnelles, ce qui ne changera guère après la disparition du patriarche. Continuant à collaborer avec les mêmes décorateurs et ébénistes que Jean Dunand – à l’instar de Jules Leleu, essentiellement pour du laquage, et Eugène Printz pour des incrustations et éléments de dinanderie –, Pierre ne s’écartera jamais réellement de l’esthétique instiguée par son père ; les clients réguliers de l’entreprise demeurent très réceptifs et demandeurs du « style Dunand », entravant par certains aspects l’innovation formelle au sein des ateliers. Pierre Dunand n’en reste pas moins un concepteur virtuose qui sera à l’origine d’inventions et de perfectionnements techniques qu’il n’hésitera pas à breveter et dont il usera aussi bien dans les productions mobilières que dans les réalisations monumentales.
A partir de 1942-1943, Pierre Dunand conçoit la décoration murale du salon de bridge du paquebot La Marseillaise, dont les panneaux de laque représentent une jungle – selon une idée et des croquis originaux de Jean Dunand – aux espèces animales et florales luxuriantes sur une longueur de quasiment dix mètres. Durant ces mêmes années 1940, il retouche un certain nombre de panneaux que son père avait créés pour le Normandie, remontés sur l’Ile-de-France et le Liberté.
Au début des années 1950, les créations personnelles et autonomes de Pierre – notamment une série de vases abstraits – ne rencontrant que peu de succès auprès d’un public dont les goûts ont évolué, il décide de quitter l’entreprise familiale en 1958 afin de se tourner vers la réalisation de caravanes automobiles qu’il avait débutée en amateur quelques années auparavant.