PIERRE CHAREAU

L'ESPRIT MODERNE

 

Né à Bordeaux en 1883, Pierre Chareau fut l’un des premiers décorateurs modernes français à employer de nouveaux matériaux tels que le verre et l’acier et s'est affirmé comme un créateur à part entière. 

L'entreprise britannique Waring & Gillow l'engage en tant que dessinateur et calqueur de 1899 à 1914. Puis, après la Première Guerre Mondiale, Pierre Chareau ouvre son propre atelier de création de meubles à son domicile de la rue Nollet à Paris (17e). Le succès qu'il rencontre lors du Salon d'automne et du Salon des artistes décorateurs de 1922 lui permet ensuite d'ouvrir dans le quartier Montparnasse un magasin appelé La Boutique

À l’instar de Le Corbusier ou de son ami Robert Mallet-Stevens, il applique la même précision du geste pour créer des pièces uniques en bois précieux, des meubles de série en tube d’acier ou bien encore des appliques en feuilles d'albâtre. Il réalise tout aussi bien des meubles modulaires pour des clients privés que pour des décors de cinéma, notamment pour les films de Marcel L'Herbier - L'Inhumaine (1924) et Le Vertige (1927) - dont il fut chef décorateur.  Pour l'Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, il crée le bureau-bibliothèque du Pavillon d’Une Ambassade française, aujourd’hui reconstitué au musée des Arts décoratifs. À l’occasion du 16e Salon des artistes décorateurs de 1926, il crée le "Groupe des Cinq" avec Pierre Legrain, Raymond Templier, Jean Puiforcat et Dominique, qui s’oppose au classicisme de la Société des Artistes Décorateurs. Il est également appelé par Mallet-Stevens pour concevoir une partie du décor de la Villa Noailles à Hyères. Il affiche son goût prononcé pour les avants-gardes comme le cubisme ou le mouvement De Stijl en intégrant dans ses aménagements des oeuvres d'artistes comme Jean Lurçat ou Jacques Lipchitz. 
Si son oeuvre architecturale est plus restreinte, notamment parce qu'il est autodidacte dans cette discipline, elle est tout aussi remarquable. En effet, après avoir conçu le Club House du Golf de Beauvallon à la demande d'Edmond Bernheim et la Villa Vent d'Aval (1927-1928), il réalise pour ses amis les Dalsace un véritable chef-d'oeuvre : la Maison de Verre (1928-1931). 

Contraint de fuir la France avec son épouse Dollie en 1940, Pierre Chareau s'installe aux Etats-Unis où il finira ses jours en laissant derrière lui son ultime réalisation, la maison-atelier dite Pièce-unique du peintre Robert Motherwell.