LINE VAUTRIN

Paris 1913 - Paris 1997

Line Vautrin avait en elle le goût et l’exigence de la liberté. Autodidacte désunie des mouvements artistiques qui s’égrenaient sous ses yeux, son oeuvre ne se divise pas en périodes distinctes closes sur elles-mêmes mais s’apparente davantage aux mouvements accompagnants l’humeur facétieuse, ludique et flamboyante de l’artiste.

Elle fit connaître ses premiers modèles à l’Exposition universelle de 1937. Outre ses fameux boutons en bronze, elle présenta des colliers, bracelets, boucles d’oreilles, sans oublier les cache-peignes, mules, chancelières, cothurnes, fourragères, calots aujourd’hui révolus. Alors que s’ouvrait sa première boutique en 1938 à Paris, Line Vautrin épousa Jacques-Armand Bonnard et initia l’élargissement de sa gamme avec des boîtes en bronze - poudriers, cendriers, pilluliers. Le 106 de la rue Vieille du Temple, où le couple s’était installé, devint rapidement un pôle artistique majeur et une indiscutable centrifugeuse de talents. Les mains de Line Vautrin ciselaient, taillaient, enchâssaient, entrelardaient et incrustaient les pièces non seulement de joyaux et métaux précieux, mais également de rébus mystérieux et d’analogies en forme de sculptures.

Lorsque les deux époux se séparèrent à la fin des années 1950, Vautrin expérimenta de nouveaux matériaux dont l’acétate de cellulose, aussi appelé « Talosel ». Des objets destinés à l’ornementation distinguée, presque intellectuelle, des intérieurs émergent alors. Au début des années 1980, son travail fut redécouvert par David Gill, collectionneur londonien, qui organisa de multiples expositions en son honneur dans le monde. En 1992, elle reçu le Prix national des métiers d'Art pour ses recherches en décoration et inspira Yves Saint-Laurent dans la réalisation du flacon CINEMA.

Il est bien peu d’artistes dont la vivacité fut et demeura si saillante. Aujourd’hui encore, on peut se pâmer de découvrir dans ses miroirs un petit mot tapé à la machine qui dit : “si votre miroir se casse, non, non, vous n'aurez pas sept ans de malheur”. Entre sculpture et bijou, entre ornements et évocations poétiques, Line Vautrin fut la plus grande parurière du XXème siècle.