ALBERTO GIACOMETTI

Arrivé en janvier 1922 à Paris pour étudier la sculpture auprès de Bourdelle, Alberto Giacometti, fils de l’artiste néo-impressioniste Giovanni Giacometti, est considéré comme l’une des plus fameuses figures de l’avant-garde française du XXe siècle. Rapidement introduit dans les milieux artistiques et littéraires de la capitale, notamment par l’entremise de sa première galeriste Jeanne Bucher, il fréquente dès la fin des années 1920 le cercle des surréalistes regroupé autour de la personne d’André Breton, avant d’en devenir réel membre de 1931 à 1935. Malgré la courte durée de cette adhérence au groupe, l’oeuvre de Giacometti restera marquée par les préceptes et principes de cette mouvance durant toute sa vie.
La Seconde Guerre mondiale annonce un tournant dans la production du sculpteur ; aussi, le nom de Giacometti reste inexorablement associé aux portraits en bustes et les figures humaines debout ou marchant décharnées, longiligne à l’extrême, tels que l’artiste les modèlera après le conflit. La nervosité et la vibration de la surface sculptée, couplées à un allongement démesuré des formes sont caractéristiques de cette période de création, couronnée en 1962 par la réception du Grand prix de sculpture à la Biennale de Venise.

Sculpteur de génie, Giacometti s’illustre également dans les arts décoratifs, modelant très tôt de petit objets aux formes aussi diverses que variées. Jean-Michel Frank est le premier à pressentir le potentiel novateur d’une telle esthétique appliquée aux créations mobilières ; il commande dès 1928 ses premiers objets au sculpteur – rappelons que Giacometti n’est exposé pour la première fois par Jeanne Bucher que l’année suivante, en 1929. Il réalisera plus de soixante-dix modèles pour le décorateur, et parmi eux, près de quarante luminaires.
Les pièces pour Frank révèlent une maîtrise de l’espace et une épuration stylistique – qu’elle se manifeste à travers des formes géométriques ou figuratives – rarement atteintes par les contemporains de l’artiste ; aussi, elles s’apparentent à de véritables oeuvres d’art indépendantes, plus qu’à de simples objets.
Le décès de Frank, en 1941, coupe court à cette collaboration fructueuse et à l’élan créateur de Giacometti dans le domaine de la production mobilière ; rares seront, par la suite, les réalisations de pièces d’art décoratif.