MARCEL COARD

Paris 1889 - Garches 1974

Grand décorateur des années 1930, Marcel Charles Coard est connu pour sa participation à l’aménagement du Studio du couturier Jacques Doucet, mais aussi pour la décoration du château de Paul Cocteau, à coté de Tours, réalisant pour l’un et l’autre, des meubles qui sont aux antipodes les uns des autres.

Issu d’une riche famille de banquiers et de rentiers, Jean-Baptiste Charles Marcel Coard, naît le 30 juin 1889, et malgré les réticences de son père, entre à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, dans la section architecture, jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale éclate. En 1913 il ouvre une boutique en tant que « décorateur – tapissier » au 137 bis boulevard Haussmann, où il reste jusqu’en 1926.

Dans un premier temps, il vend des meubles de style, faisant sa publicité comme une « décoration complète ancienne et moderne ». Il n’exécute que des pièces uniques dans des matériaux rares et précieux pour des collectionneurs éclairés comme Jacques Doucet ; l’armoire bombée en ébène de Macassar et nacre se trouvant au musée des Arts Décoratifs de Paris en étant un bon exemple. Il s’inspire de l’art nègre, océanien et du cubisme pour créer ses meubles. Il a lui même une belle collection d’objets d’Extrême-Orient et réalise pour ses clients des vitrines pour y intégrer des collections d’objets d’arts africains ou d’Extrême-Orient. Il travaille avec des ébénistes réputés comme Chanaux et Pelletier, mais aussi Roumy, qui réalise pour lui des œuvres d’une rare complexité.

Lorsque le frère de Jean Cocteau lui demande de réaliser la décoration de sa demeure à Champgault, Coard se lance dans un travail mélangeant beaucoup de styles. On y trouve des meubles simples et utilitaires en bois peint, mais aussi des sculptures de Csaky, que Coard achète chez Rosenberg. Des lamelles de miroir sont intégrées dans les murs, une dimension africaine se ressent dans un banc et une table réalisés en chêne cérusé de formes « mouvementées », et la table du hall d’entrée, n’est autre qu’une grande table en chêne cérusé, taillé à l’herminette et incrusté d’une dalle d’opaline noire.

La richesse de ses créations et son adaptation aux désirs de ses clients fait de Coard un artiste très demandé dans les années 1930. Les meubles qui sortent de l'atelier de ses ébénistes sont frappés en général du fer à chaud avec son nom suivi d’un profil de perroquet, marque de fabrique de celui-ci. Dans les années 1940, son style évolue, il intègre le fer forgé, le marbre et une dimension « humaniste » dans ses créations, rappelant de temps à autre le travail de Jean-Charles Moreux, mais toujours pour des commanditaires précis.