Issu d’une famille modeste, Joseph Csaky naît en 1888 à Szeged, ville du Sud de la Hongrie. Encouragé par son père, il intègre l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Budapest dès ses quatorze ans ; il y rencontre Gustav Miklos qui restera l’un de ses fidèles amis sa vie durant. N’y trouvant pas satisfaction, Csaky quitte ce cursus académique en 1906.
Après une période d’instabilité et de pauvreté, l’artiste décide de rejoindre Paris en 1908 où il réside un temps à la cité Falguière avant de s’installer brièvement à la Ruche en 1909. Côtoyant les artistes d’avant-garde, la découverte de Rodin, mais surtout des oeuvres de Maillol, Braque et Picasso, marque le jeune Hongrois qui s’oriente dès lors sur la voie d’une esthétique épurée et géométrique.
A partir de 1919, le cubisme de Csaky se radicalise, l’artiste introduisant toujours davantage de formes pures au sein de ses créations qui tendent bientôt vers l’abstraction. A cette même période, plusieurs années après avoir présenté pour la première fois son oeuvre au public au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts et au Salon d’automne, le sculpteur scelle un contrat d’exclusivité avec Léonce Rosenberg qui l’expose dès 1920 au sein de sa galerie L’Effort Moderne. En 1924, Marcel Coard débute à son tour une collaboration fructueuse avec Csaky, insérant des éléments sculptés dans les meubles qu’il réalise autant qu’il introduit des statues de l’artiste dans les installations qu’il conçoit pour ses clients.
Dès 1927, Joseph Csaky insuffle une inflexion nouvelle à son oeuvre ; abandonnant partiellement l'abstraction dans laquelle il s’était dirigé, il revient vers une figuration plus littérale et les sujets qu’il privilégie se métamorphosent eux aussi, les animaux et les figures féminines remportant sa prédilection. Les formes se font plus rondes et voluptueuses, les angles s’adoucissent pour laisser place à une sensualité certaine.
En 1930, la première monographie sur l’artiste paraît, sous la plume du critique Waldemar George, tandis que quelques années plus tard, le sculpteur se voit commander quatre sculptures monumentales pour l’Exposition internationale des Arts et Techniques (1937) : Art et Technique pour le pavillon de l’Union des Artistes Modernes (U.A.M.), La Couture, La Parfumerie et La Fourrure pour les pavillons de l’Elégance et de la Parure.
A partir de 1945, si la femme reste le sujet privilégié des réalisations de Csaky, son canon s’allonge, ses formes corporelles se font plus abstraites encore qu’auparavant. Il les expose dans des poses lascives, quasi-maniéristes, sculptées en ronde-bosse ou sur de nombreux bas-reliefs qui investissent de manière croissante l’oeuvre de l’artiste.
Cette nouvelle orientation ne rencontre pas le succès escompté par Csaky qui sombre petit à petit dans la misère, dont ne parviendra pas à le sortir le Comité d’aide à Csaky formé par Jean Cassou en 1969.